Paloma Fernández Sobrino

Après plusieurs formations de danse (classique, contemporaine et flamenco) en Espagne, Paloma intègre “l’Escola Narrativa de la Mediterrànea” à Reus (Catalogne) où elle suit un cursus de Scénario Cinématographique. Participant à de nombreux stages professionnels, elle n’a cessé d’explorer de nouveaux horizons : interprétation théâtrale, théâtre gestuel, commedia del arte, danse, écriture…
En 1995, elle joue dans le spectacle “Work in Progress” avec La Fura dels Baus.
De 2000 à 2002, elle est partenaire d’un magicien-illusioniste dans le spectacle “La leyenda de Fu-Chang”. Le théâtre gestuel devient ainsi l’approche de prédilection de Paloma.

En 2004, elle intègre la compagnie itinérante de théâtre gestuel “Escale” qui la mènera au Togo  s’affronter au théâtre forum. A la fin de cette tournée, Paloma s’installe en Bretagne où elle intervient en tant que formatrice (notamment des ateliers de théâtre avec l’association “L’île inconnue”, ainsi que des stages de théâtre gestuel et de flamenco en 2005 et 2006 en Transylvanie, Roumanie).
En 2007, elle rejoint l’association “L’âge de la tortue”. Dès lors, elle mène des actions en lien avec des résidents du quartier du Blosne à Rennes, et notamment le projet « Correspondances citoyennes ». Elle signe en 2008 l’ouvrage « Partir… » en collaboration avec le photographe Bertrand Cousseau, puis l’ouvrage “PARTIR…esguards, miradas, regards” en 2010.
Un long travail d’immersion au cœur des quartiers populaires bretons et espagnols auprès de femmes de multiples horizons culturels l’amène à porter son regard sur la condition féminine. En 2009, à partir de nombreux témoignages récoltés et d’une libre interprétation du texte  “Défaite” de Khalil Gibran, elle écrit, met en scène et interprète la pièce « Déroute », un spectacle de théâtre gestuel joué en caravane, à l’adresse d’un seul spectateur à la fois.

Le Passeport idéal

 

Mon Passeport idéal contient des histoires de vie de personnes qui habitent sur les trois territoires de notre projet : Rennes, Tarragone et Cluj-Napoca.

Ce passeport est idéal car il n’a pas de valeur légale, seulement humaine.

Une valeur aussi oubliée qu’urgente.

Pour imaginer cette édition, je suis partie des trois passeports existant en Espagne, en France et en Roumanie, en tentant de rester fidèle au modèle légal quant au format, mais en aucun cas quant au contenu.

Ce passeport est une double « Correspondance ».

Tout d’abord, j’ai voulu « correspondre » avec le sociologue Pascal Nicolas-Le Strat et avec l’artiste plasticien Romain Louvel, compagnons de cette aventure, pour expérimenter un projet commun, qui mêle nos différentes sensibilités et compétences. Pendant la première résidence à Rennes, nous avons pris conscience de la difficulté et de la chance de travailler tous ensemble : artistes, sociologues et habitants, Espagnols, Français et Roumains… Comment nous comprendre et construire ensemble sans une langue, sans un langage commun ? La solution m’a semblé évidente : en inventant. C’est ainsi que surgirent des mots insolites, qui ne figureront jamais dans les dictionnaires d’aucune des trois langues, et des moments insolites entre nous, à nous découvrir grâce à l’expérimentation de nouvelles formes, sans garantie de succès. Voilà comment cela s’est passé : je voulais faire un passeport plein de vie, qui imite dans la mesure du possible ce type de document pervers. J’ai cherché des gens souhaitant participer, j’ai parlé avec eux. Je leur ai parlé de l’importance de leurs mots. Je les ai écoutés. Ils m’ont écoutée. Pascal a rapidement accepté ma proposition et m’a accompagnée dans ma recherche. Nous avons partagé les rencontres et rédigé ces moments de vie et les mots que les gens voulaient bien nous offrir. Enfin, Romain, tel un faussaire clandestin, a permis que le document final ressemble à un vrai passeport.

En second lieu, le Passeport idéal est une « Correspondance » qui réunit les voix de Hassan, Rocío, Julio, Yester, Mari, Aymen, Nicolas, Rita et la mienne. En respectant les particularités de chacun pour pouvoir construire un « langage commun », « le langage de qui ose parler et surtout, écouter ».

Le Passeport idéal s’adresse aux autorités et aux « êtres endormis ». Il sera envoyé par la Poste à la Police, aux services « passeport » et « carte d’identité », aux hommes politiques et responsables des trois villes ainsi qu’à d’autres personnes et établissements forts d’un pouvoir de décision.

D’avance, je ne m’attends à aucune réponse.

www.myspace.com/deroute