Après une thèse de doctorat en sociologie, soutenue en 2003, portant sur le sens et la pratique de la naturalisation en France et la signification qu’elle revêt pour les étrangers qui en font la demande, mes recherches ont porté sur les questions d’immigration : politique d’immigration, d’asile, et de prévention/lutte contre les discriminations ; histoire et mémoires de l’immigration ; processus d’ethnicisation, racisation et de discrimination. Avec ma collègue Angélina Etiemble, j’ai notamment réalisé une recherche sur l’histoire et la mémoire de l’immigration en Bretagne, qui va prochainement être publiée. Je m’intéresse aujourd’hui aux formes et contours des mémoires de l’immigration en Bretagne : mobilisations associatives, enjeux politiques et institutionnels, éventuelles concurrences mémorielles…
Je pratique une sociologie encrée dans les préoccupations des acteurs sociaux et travaille avec diverses institutions (collectivités locales, musée, associations…). J’ai aussi croisé la route du HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) que j’ai représenté à la Cour Nationale du Droit d’Asile à Paris pendant 5 ans, de 2005 à 2009.
Projet artistique:
Deux contributions complémentaires à ce projet, recherche et intervention sociologiques :
– Pendant la « résidence rennaise », je me propose de faire part aux artistes, citoyens-résidents du quartier et toutes personnes impliquées dans le projet qui le souhaitent de quelques réflexions, liées au thème de la migration et à mon expérience de chercheur de terrain. Il s’agit non pas de porter la connaissance (toute relative, d’ailleurs), comme on apporte la « bonne parole », mais en quelque sorte de la mettre à l’épreuve, de le soumettre à l’expérience, au savoir (pratique et théorique) et aux représentations des habitants du quartier et des artistes. Il s’agit de créer les conditions d’une restitution de la recherche que j’ai finalement peu l’occasion de faire tout en construisant une réflexion qui peut alimenter à la fois la relation artiste-habitant et la réalisation artistique en tant que telle.
– Je considère la résidence artistes-habitants comme l’opportunité d’observer ce qui ce joue dans la relation d’altérité, particulièrement présente dans ce projet : artiste-habitant ; chercheur-habitant ; artiste-chercheur ; étranger-Français ; artiste étranger-habitant immigré ; artiste étranger-habitant non immigré, etc. Je vais notamment observer les jeux de frontières et leur transformation éventuelle au cours de la résidence. Autrement dit, de quelle façon ce projet – dont l’un des objectifs est précisément de dépasser le clivage « eux » et « nous » et d’expérimenter les conditions propices à l’émergence d’une « communauté de destin » à l’échelle d’un quartier – contribue-t-il à questionner et à déplacer les frontières ?